La convention de la droite : l'affirmation d'une droite identitaire

La convention de la droite : l'affirmation d'une droite identitaire

Le rassemblement des amis et soutiens de Marion Maréchal, ce week-end à Paris, est la confirmation d’une ambition, mais c’est surtout l’affirmation d’une idéologie : celle d’une droite identitaire qui assume sans équivoque une conception ethnique de la Nation tournant résolument le dos à l’héritage des Lumières et aux valeurs cardinales de la démocratie.

Longtemps, l’extrême-droite s’en est tenue au gueuloir : le FN première époque assumait la xénophobie de comptoir. Puis est venu, avec Marine Le Pen, le temps de la « dédiabolisation » et l’exercice des responsabilités locales. Voici que s’annonce la troisième génération, non seulement des Le Pen, mais de l’extrême-droite : finies les vociférations et les calembours, voici venir un anti-universalisme instruit, une xénophobie de diagrammes et de chiffres, un populisme sophistiqué et souriant, brutal mais convenable, border-line et bien élevé.

La forme n’a jamais été si lisse, ni le fond si radical. Car enfin, qu’a-t-on entendu ? Une demi-heure d’imprécation contre l’islam, le féminisme, les bobos, les jeunes, la gauche, les intellectuels, de la part d’un Éric Zemmour à qui la chaîne LCI a complaisamment laissé libre antenne ? Une charge de l’ancien chevènementiste Paul-Marie Couteaux pour qui « la modernité [conduit au] nazisme » ? Oui, mais on a surtout entendu Marion Maréchal décliner le thème du « grand remplacement », récit complotiste fantasmagorique imaginé par Renaud Camus, comme s’il s’agissait d’une évidence, presque d’une banalité.

Que cette extrême-droite se prétende le rempart d’une civilisation européenne dont elle pilonne méthodiquement toutes les valeurs, qu’elle s’imagine en défenseur de la liberté, notamment celle des femmes, tout en instruisant le procès de l’égalité et des droits de l’Homme, et qu’elle assume des théories dépourvues de tout fondement scientifique, voilà qui devrait rassurer : tant d’outrance et de contradictions ne peuvent que la condamner.

On aurait bien tort d’être rassurés : dans ce monde défait qui est le nôtre, où des peurs irraisonnées se mêlent à des détresses bien réelles face à des menaces non moins réelles, c’est la radicalité de ce discours qui fait sa force. « Ils exagèrent peut-être, mais eux, au moins… ». Entendre : eux au moins ils disent les choses, eux au moins ils n’ont pas la main qui tremble, eux au moins ont la violence nécessaire pour affronter ce monde violent. Ce qui est sûr, c’est qu’ « eux au moins » ne craignent pas de se placer sur le terrain identitaire : immigration, islam, insécurité, valeurs, culture, ils n’ont aucune inhibition, pas de réserve ni de nuances. Cette extrême-droite assume, et s’assume. N’avons-nous pas déjà entendu cela ici ou là, aux Etats-Unis, au Brésil, en Hongrie ou en Italie ? On a cru jusqu’à la dernière minute que l’outrance condamnerait les Trump, Salvini et autres Bolsonaro : c’est au contraire cette outrance qui séduit, ce « no limit » revendiqué qui attire.

Regardons froidement les choses : l’air lourd du temps est identitaire. Le « narcissisme des petites différences » est partout, l’affirmation inconditionnelle de soi est dans tout, de la politique à la publicité en passant par la culture. A l’ère de l’identity pride, l’extrême-droite joue à domicile. Après l’OPA d’En Marche sur la droite modérée, c’est au tour de la droite dure, défaite et décomposée, d’être une proie facile. Quant à ceux qui, à gauche notamment, pensent qu’on peut lutter contre elle en allumant des contre-feux identitaires, ils jouent avec les allumettes du diable.

La route sera longue pour Marion Maréchal, d’autant qu’elle est attendue au tournant par sa tante ? Se reposer sur les fragilités de l’ennemi, c’est refuser d’examiner les siennes : si le grand remplacement est un fantasme, l’atomisation de la société, le pessimisme des Français et leur défiance croissante envers les institutions politiques et sociales sont des faits indiscutables.

Alors que faire ? D’abord, remiser la posture d’indignation : cela fait trente-cinq ans que cela ne marche pas, trente-cinq ans que l’extrême-droite retourne ce discours moralisateur pour mieux fustiger « l’arrogance des élites ». Ensuite, ne pas poursuivre la chimère d’une adhésion large à « progressisme » réduit aux acquêts et vide de contenu : il n’y a plus de consensus minimal possible des Gilets Jaunes aux Marcheurs et de Danièle Obono à Xavier Bertrand, pour une raison très simple, c’est que la question identitaire est passée par là et que les cadres qui structuraient la vie politique, et notamment le clivage droite/gauche, ont été éventrés. L’extrême-droite ne sera jamais majoritaire ? Mais elle n’a même plus besoin de chercher à l’être : c’est la dislocation du paysage qui pourrait un jour lui permettre, dans un monde d’où seules des minorités surnagent, d’apparaître comme la moins petite et la plus cohérente idéologiquement des minorités.

La seule issue, c’est de dépasser la question identitaire. De la refuser net. De poser la nation comme un pacte entre des citoyens, c’est-à-dire des consciences libres et éclairées, sur le fondement de valeurs d’égalité et de liberté. C’est de rejeter en bloc les solutions radicales : l’extrême-droite veut des lois d’exception, en mettant la Constitution entre parenthèses et en rompant tous nos engagements internationaux. Nous, nous voulons seulement que les lois existantes soient appliquées, et que les droits républicains soit rétablis partout où la puissance publique s’est désengagée. C’est enfin de traiter les vrais problèmes, seule façon de tordre le cou aux vrais fantasmes, en rendant la société plus juste et plus sûre, ce qui implique de consolider les services publics et de mieux faire respecter l’Etat de droit – pour tout le monde, élites comprises.

Au fond, tous les identitaires ont un ennemi commun : la République. C’est elle qu’il faut leur opposer, sans relâche. C’est elle que demandent et attendent les Français, elle qui protège tous les citoyens, quelle que soit leur origine, leur condition sociale ou leurs convictions. Le vrai clivage, aujourd’hui, ne passe pas entre progressistes et populistes : il passe entre les républicains et les identitaires. Notre force : nous savons où nous sommes, qui nous sommes, et ce que nous avons à faire.

Université Lyon 2 : Soutenir Eliott, c’est soutenir la liberté d’expression

Depuis plusieurs mois, Eliott Savy, étudiant en licence de Science Politique à l’université Lyon 2 essaie de relayer ses inquiétudes devant le contenu des enseignements qui selon lui s’apparentent de plus en plus à du militantisme décolonial et indigéniste qu’à des sciences sociales. Il souhaite aussi attirer l’attention sur le comportement de plus en plus biaisé de l’encadrement, qui rompt parfois avec la nécessaire neutralité politique, vis à vis des étudiants.

Après plusieurs articles nationaux où il n’apparaissait pas nommément, mais qui reprenaient ses recherches particulièrement documentées, le Progrès, quotidien régional qui traite de plus en plus courageusement de nombreuses dérives localement observées, a produit un dossier de deux pages qui mentionnait son identité.

Dès le lendemain de l’article, abondamment relayé et commenté, Eliott Savy a vu son nom inscrit tagué sur les murs de l’université, sur les arrêts de tramway, agrémenté de menaces explicites. En se rendant à l’université pour y suivre ses cours, il a pu prendre quelques photographies et a déposé plainte immédiatement et signalé les faits au Procureur de la République de Lyon.

Le Printemps Républicain veut faire connaitre son plein et entier soutien à Eliott. Les menaces dont il est l’objet sont évidemment une preuve supplémentaire de l’intolérance, pouvant aller jusqu’à l’intimidation physique, dont une frange du public de l’université Lyon 2 fait preuve lorsque quelqu’un émet une opinion différente ou une simple critique.

Le Printemps Républicain demande solennellement à la Présidente de l’Université Lyon 2, Nathalie Dompnier, de soutenir Eliott Savy dans ses démarches judiciaires et de réagir publiquement face aux menaces dont l’un de ses étudiants est l’objet au sein même des murs de son établissement.

L’Université est un lieu de transmission des savoirs de haut niveau, c’est un lieu de recherche, c’est aussi un lieu de débats et de controverses. Cela n’est en aucun cas un lieu où ceux qui s’expriment sont menacés, pointés du doigt et voient leur nom tagué sur les murs comme autant de cibles.

Lyon a été l’objet de plusieurs attentats et agressions violentes ces derniers mois. Désigner une victime potentielle, afficher le nom d’une cible est au mieux irresponsable et au pire criminel.

Face aux menaces que subit l’un des siens, l’Université Lyon 2 doit choisir de quel côté elle va se tourner. Nous enjoignons la Présidente de Lyon 2, ainsi que tous les personnels et étudiants concernés, à réagir immédiatement et à accepter et promouvoir la liberté d’expression et le débat au sein de l’Université.

Commissariat à la « protection du mode de vie européen » : quand l’Europe se prend les pieds dans le tapis identitaire !

Commissariat à la « protection du mode de vie européen » : quand l’Europe se prend les pieds dans le tapis identitaire !

A peine révélé, l’organigramme de la nouvelle Commission Européenne, présidée par l’ancienne ministre allemande de la Défense Ursula Von der Leyen, déclenche la polémique. En effet, le poste de commissaire à la « protection du mode de vie européen » y apparait, confié au Grec Margaritis Schinas.

On aurait pu croire dans un premier temps à la création d’un poste transversal qui assurerait la promotion des droits humains, de la protection sociale ou encore des politiques d’inclusion et de lutte contre les discriminations. Or ce n’est pas du tout ce dont il s’agit : il s’agit du poste anciennement dénommé « migration, affaires intérieures et citoyenneté ». On ne saurait dire plus explicitement que, dans l’esprit de ses initiateurs – et donc, avec l’assentiment des Etats, dont la France – protéger le mode de vie européen, c’est se protéger de l’immigration.

Que la question migratoire compte parmi les défis que l’Europe doit relever ne fait évidemment aucun doute : c’est un sujet de préoccupation de premier plan pour les peuples européens et il ne saurait être question de laisser l’extrême-droite, ou les formations qui flirtent avec ses idées, s’emparer seule de ces sujets. Pouvait-on pour autant reprendre telle quelle, sans l’interroger ni la transformer, la formule magique du « mode de vie » qui, de Marine Le Pen à Orban en passant par Salvini, permet à l’extrême-droite de se poser en parangon des valeurs européennes (pluralisme, égalité des sexes, liberté de conscience et d’expression), alors qu’elle les a toujours combattues ?

Cette reprise de la phraséologie d’extrême-droite est un terrible aveu d’échec, mais il y a plus grave : en rabattant l’identité sur la seule question migratoire, la Commission appauvrit considérablement ce qui fait la richesse et la diversité de la culture européenne. Ainsi, elle renonce à définir positivement le commun européen, pour ne parler que de ce dont il nous faudrait nous garder - l’immigration, sans détail ni précision. Que peut vouloir dire, dans ses conditions, « protéger notre mode de vie », sinon « refuser LEUR mode de vie » ?

Il ne s’agit pas d’une simple erreur dans le choix des mots, mais bien d’une faute politique grave : on ne lutte pas contre les politiques de l’identité par d’autres politiques de l’identité. Au discours identitaire, il faut opposer le commun démocratique et les valeurs qui le fondent : liberté, égalité, solidarité, pluralisme, éducation, émancipation, inclusion.

Ce commissariat au nom impossible montre bien que l’Europe est en passe de perdre ses repères élémentaires sur ce que sont ses valeurs fondatrices. Et ce n’est pas l’initiative improbable de Federica Mogherini de créer un « Erasmus de la religion » qui l’y aidera : la mise en place de cette « plate-forme mondiale d’échanges sur la foi et l’inclusion sociale », dotée de 1,5 M d’€, revient à déléguer à quelques entrepreneurs religieux le soin de donner un supplément d’âme à une Europe qui a perdu la sienne, au mépris des savoirs humanistes, de la laïcisation des politiques sociales dans tous les pays européens, et plus encore, du fait que la majorité des citoyens européens, aujourd’hui, ne s’identifient pas selon leur croyance ou leur appartenance cultuelle.

Sur ces deux initiatives de la Commission, organe non élu, les Etats membres, et plus encore les pays fondateurs au premier rang desquels la France, doivent sortir de leur torpeur et redonner à l’Europe sa boussole.

L’été indigéniste !

L’été indigéniste !

La période estivale qui s’achève a été un puissant révélateur du naufrage idéologique d’une classe politique et médiatique qui a piétiné toute pensée progressiste, tournant ainsi le dos à l’héritage des Lumières.

Tout a débuté fin juin/début juillet avec les opérations « Burkini » soigneusement mises en scène à Grenoble par le collectif national « Alliance citoyenne ». La réaction du maire Europe écologie les verts (EELV) de la ville, Eric Piolle, fut aussi tardive que timide. Dans son communiqué de presse publié deux jours après l’événement, il n’évoque même pas la nature de l’association qui organise ces provocations. Depuis le début des faits, il n’a pas manifesté la fermeté qu’on est en droit d’attendre d’un élu responsable dans de telles situations, lorsqu’il s’agit simplement de faire respecter le droit. Pire, il a ouvert la porte à un changement de règlement intérieur en renvoyant la balle au ministère des sports.

Tout l’été, France Inter, radio du service public, a ouvert studios et micros à toutes les figures de l’indigénisme. Si Rokhaya Diallo a été invitée le 16 juillet, c’est particulièrement l’émission de Lauren Bastide, Les Savantes, qui a attiré l’attention de nombreux auditeurs puisque se sont succédé à l’antenne, entre autres, l’historienne Ludivine Bantigny le 14 juillet 2019, Maboula Soumahoro le 28 juillet 2019 - qui a tenu par le passé des propos délirants en déclarant qu’un « homme blanc ne peut pas être antiraciste » et que le même homme blanc « n’aura jamais raison contre une femme noire ou arabe » sur ces questions - et la « féministe islamique », proche de Tariq Ramadan, Hanane Karimi le 11 août 2019. Outre les propos indigénistes des invités, qui nous expliquent qu’on ne peut se mélanger avec quelqu'un qui n’est pas de son genre ou de sa « race », l’animatrice Lauren Bastide ne fut pas en reste. Evoquant Alliance Citoyenne et leurs actions en faveur du Burkini dans les piscines grenobloises, elle a qualifié ce militantisme « action politique flamboyante, courageuse, visible ». L’animatrice de France inter donc. Rien que ça.

Le plus inquiétant, au fond, et le plus révélateur, ce n’est pas le propos, malheureusement mille fois entendu dans la bouche de ces militantes mais la complaisance de cette chaine de radio publique envers son animatrice qui se révèle être une militante politique de la cause indigéniste payée par les impôts des français. Outre ses propos à l’antenne, cette dernière n’hésite pas à révéler ses affinités politiques en qualifiant sur les réseaux sociaux Hanane Karimi « d’amie » et de « sœur ». Quand on tient ce genre de propos, quand on se revendique amie et sœur de quelqu’un qui fait la promotion du séparatisme culturel, qui n’a à la bouche que les mots de « race » ou de racisme d’Etat, il est du devoir du service public audiovisuel de s’interroger sur la pertinence de mettre à l’antenne de tels individus.

La dérive indigéniste estivale s’est poursuivie avec les universités d’été d’Europe écologie les verts et s’est terminée avec celles de la France insoumise (LFI). Qui retrouve-t-on les 22, 23 et 24 août sur la tribune pour échanger avec les militants du parti d’Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble ? Surprise ! Lauren Bastide et Youcef Brakni, figure de proue du comité Adama, qui s’est habilement infiltré au côté des gilets jaunes.

L’événement le plus important est venu des universités d’été de la LFI, les « AmFis 2019 », qui ont été le reflet du grand écart permanent de ce mouvement sur les questions républicaines. On pouvait à la fois y entendre Taha Bouhafs et Youcef Brakni du comité Adama, mais également le philosophe spécialisé des questions de laïcité Henri Peña-Ruiz. Ce dernier, salué comme « un ami » par le nouveau coordinateur du mouvement, Adrien Quatennens, a donné le 22 août une conférence sur les « trois boussoles de la laïcité ».

Lors de celle-ci, Henri Peña-Ruiz a relevé que s’il était condamnable de s’en prendre à une personne du fait de sa religion, il n’était en rien répréhensible de s’en prendre à une religion en elle-même. Il a ainsi déclaré qu’on avait le droit d’être « islamophobe », « cathophobe » ou « athéphobe ». Cette déclaration a été immédiatement reprise et tronquée par la minorité indigéniste de la France Insoumise, Brakni et Bouhafs en tête, en ne gardant que le terme islamophobie. La malhonnêteté intellectuelle à l’état pur. Les réseaux sociaux ont ensuite pris le relais pour transformer cet intellectuel réputé en un raciste intolérant.

Laurence De Cock, Marwan Mohammed, Rokhaya Diallo, Philippe Marlière, Taha Bouhafs, Youcef Brakni, Edwy Plenel, Olivier Besancenot etc. toute la gauche identitaire et indigéniste est vent debout contre la FI ! Dans cette histoire, la réaction du mouvement de Jean-Luc Melenchon est a souligner, prenant la défense d’Henri Peña-Ruiz. On peut se féliciter qu’elle retrouve un peu sa boussole républicaine. Mais pour combien de temps ?

Libération, dans un papier complaisant, titre : « Islamophobie : crise ouverte entre les insoumis et des militants des quartiers ». Ainsi donc, pour Libération, quelques activistes d’extrême gauche, indigénistes et proches de l’islamisme politique, deviennent des « militants des quartiers ».

Cette affaire agit comme un révélateur et déborde le cadre de La France Insoumise, faisant une nouvelle fois apparaitre une fracture sur les questions républicaines au sein de la République En Marche. Quand la ministre Marlène Schiappa ou le député François Cormier-Bouligeon se tiennent fidèles à la ligne républicaine en prenant la défense du philosophe, le ministre en charge de la politique la Ville, Julien Denormandie, attaque bêtement Henri Peña-Ruiz, venant, de fait, soutenir le camp indigéniste.

La France ne saurait être républicaine et « en même temps » communautaire. Tant que les mouvements politiques, notamment de gauche, joueront un jeu dangereux en flirtant avec les militants du séparatisme culturel, ils iront inéluctablement dans le mur !

Le Printemps Républicain est résolu à prendre sa part dans la construction d’un grand mouvement républicain et universaliste.

L’incitation à la haine et les appels au meurtre n’ont pas leur place en démocratie !

Le 29 juillet dernier, Christian Rippert, conseiller municipal siégeant dans la majorité Rassemblement National (RN) de la ville du Pontet (84), a commenté sur Facebook une photo montrant des musulmans pratiquant une prière de rue en ces termes : « Je FONCE ET J’ECRASE TOUTE CETTE MERDE ».

Ces propos relevant de l’incitation à la haine en raison de la religion sont insupportables. D’autant plus qu’ils émanent d’un élu du suffrage universel qui, plus que d’autres, devrait veiller à l’exemplarité de son comportement et à la mesure dans sa parole.

Le Printemps Républicain condamne ces propos avec la plus grande fermeté et demande à Monsieur le Procureur de la République d’Avignon de se saisir de l’affaire et d’intenter les poursuites judiciaires requises.

Par ailleurs, nous demandons au maire RN du Pontet, Joris Hébrard, d’exclure de sa majorité municipale Christian Rippert.

Enfin, le profil Facebook de ce dernier indiquant « Engagé à Rassemblement National », s’il s’avère que Monsieur Rippert est effectivement toujours encarté au RN, nous demandons à sa présidente, Marine Le Pen et aux instances compétentes de ce parti, d’acter l’exclusion sans délais de l’intéressé.

L’incitation à la haine et les appels au meurtre n’ont pas leur place en démocratie !

Nous, militants du Printemps Républicain, défendons une société laïque.

Nous, militants du Printemps Républicain, défendons une société laïque.

Nous, militants du Printemps Républicain, défendons une société laïque. Une société laïque, ce n’est pas, comme une lecture à dessein confuse tend à le laisser croire, une société d’où les religions seraient chassées, ni leur expression cantonnée à l’espace privé : ce serait là un régime autoritaire qui ne reconnaîtrait pas les libertés de conscience et d’expression.

Une société laïque, qu’est-ce donc ? C’est une société qui ne se soutient d’aucun principe religieux pour s’organiser, ni n’appuie ses règles de vie collective sur des principes qui seraient extérieurs et supérieurs à la raison de ses membres. Qu’à titre individuel, les citoyens s’appuient sur leurs convictions religieuses pour déterminer leurs propres règles de vie ainsi que leurs choix, même politiques, n’y fait pas obstacle : car comme le fait clairement entendre l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses… », la société laïque ne connait que des opinions et ne réserve aucun statut particulier aux religions, pas plus qu’elle ne distingue les croyants des incroyants, ou les croyants entre eux.

«Laïque », de laos, le peuple tout entier, sans distinction d’origines, de conditions ni de convictions.

Rappeler ce qu’ont voulu les pères fondateurs de la démocratie garde toute son utilité au moment où s’ouvrent de nouveaux et importants débats bioéthiques, des débats auxquels il est naturel et légitime que nombre d’acteurs sociaux, culturels, politiques mais aussi, bien évidemment, religieux, prennent toute leur part. Sur des sujets qui touchent universellement tous les êtres humains et qui posent à toute la société des questions aussi fondamentale que son rapport à la vie, à la filiation et à la mort, personne n’est indigne du débat. Mais, en contrepartie, nul n’est plus légitime qu’un autre à dire le vrai et le bien, et encore moins à tenter d’assigner aux autres protagonistes la conduite et le rang à tenir.

Périodiquement, l’Église catholique, qui a pourtant accompli un immense travail de remise en question depuis Vatican II, quant à sa place dans les sociétés modernes et sa prétention à incarner sinon un monopole, du moins un leadership sur les questions morales, ne peut s’empêcher de rechuter, comme dans cette tribune du Père Stalla-Bourdillon, parue dans le FigaroVox, qui a retenu notre attention (https://bit.ly/2LYmHoA).

Certes, l’époque n’est plus aux encycliques rageuses qui, depuis le Syllabus de 1864, vouaient la modernité aux gémonies. L’auteur, ancien aumônier des parlementaires, a l’habileté d’utiliser le philosophe Alain, grand contempteur du cléricalisme et laïque conséquent, pour « rappeler la place du pouvoir politique dans la société », comme le précise le chapeau de sa tribune. Obéir à l’Etat, mais lui résister quand il s’égare, qu’il abuse ou qu’il nous abuse, comme y invitait le professeur de la IIIème République, est ou plutôt devrait être comme une seconde nature pour des citoyens responsables – y revenir est donc toujours bienvenu.

L’ennui est qu’on découvre bientôt le pourquoi de cet éloge de la sage – mais ferme – insoumission : dénoncer les méfaits de la « solo-parentalité ». La réflexion sur les limitations du pouvoir aura donc tourné – très – court, il s’agissait plus prosaïquement d’affirmer une opposition nette et catégorique à la PMA pour toutes les femmes, viatique d’une société qui accepterait de faire des « citoyens privés de père ».

Après tout, pourquoi pas ? Aussi éloignée que cette position puisse être des nôtres, nous reconnaissons non seulement la pleine et entière légitimité de l’exprimer, mais aussi l’apport qui peut être celle d’une réflexion critique sur des sujets aussi complexes, qui touchent à l’image même que l’on se fait de l’être humain. Ne pas verser dans la caricature et le dénigrement, respecter les convictions intimes des uns et des autres, accueillir les voix contraires, ne peut que stimuler la réflexion de chacun et élever le niveau des débats. On n’a rien à craindre de la contradiction quand on tient des positions justes.

Encore faut-il que la réciproque soit vraie. Car quel est le problème avec ce texte qui fait l’éloge du « savoir dire non », et qui se retient de s’écrier, comme feu Stéphane Hessel, « indignez-vous ! » ? Ce qui cloche, plus encore que sa position, que nous critiquons de toutes nos forces, c’est la prétention à réduire le politique, littéralement à le remettre en place, en des termes à la fois péremptoires et alambiqués.

Nous apprenons ainsi que, « sous l’effet des vents du matérialisme, la sécularisation de la société a fait migrer l’autorité spirituelle sur les épaules du politique, quand la responsabilité de gouvernement migrait à son tour dans le giron de la finance, elle-même soumise à la technique ».

Si on ne se formalise pas du simplisme de l’enchaînement, on peut comprendre que l’auteur déplore que le politique ait cédé le pas à la sphère technico-économique, et qu’il faut donc lui redonner tout son rôle ? Pas du tout, puisqu’il a pris soin d’avancer un peu plus tôt que « le pouvoir temporel doit seulement administrer les choses ». Que doit-on entendre par là ? Qu’il ne doit pas gouverner les hommes ? Faut-il comprendre que le politique n’est qu’une sorte de grosse étude notariale, ou un syndic de copropriété ? On n’en saura pas plus, sinon par soustraction : c’est au pouvoir spirituel, bien sûr, de s’occuper des hommes.

Car, tout en affirmant que « le pouvoir spirituel n’est pas un « pouvoir » », l’auteur lui reconnait une existence quelques lignes plus bas, en précisant ses attributions : « À l’aide des philosophes, des théologiens, des penseurs, le pouvoir spirituel des citoyens doit se réveiller pour éprouver la solidité des raisonnements par une critique rationnelle ». Le père Stalla-Bourdillon utilise sans la citer une formule de Pierre Manent a propos de l’Église, qui « n’est pas un pouvoir tout en étant un pouvoir ». Mais là où le philosophe fait de ce paradoxe le point de départ d’une réflexion sur l’articulation entre le religieux et le politique, le père Stalla-Bourdillon dépose une auréole « spirituelle » sur la tête de la société civile. « Spirituelle », qu’entend-on par là ? Rien n’en est dit mais tout est suggéré : si nous sommes tombés dans ces abîmes, esclaves de la science et de la finance, c’est, rappelons-nous, à cause du « matérialisme » et de la « sécularisation », en d’autres termes, parce que nous avons donné aux dieux un congé définitif, du moins pour ce qui regarde l’organisation de la société. Le père Stalla-Bourdillon y voit l’origine de nos malheurs, car ainsi s’est créé un monde de « faux biens » que le pouvoir temporel se charge d’avaliser, lui qui prétend « détenir la vérité du bien ».

Et parmi ces faux biens, on trouve « la solo-parentalité, c’est-à-dire le fait de devenir l’unique parent d’un enfant, sans aucune relation ni affective, ni sexuelle ». Passons sur l’impressionnante succession d’amalgames, d’erreurs et d’approximations contenue dans cette seule et courte phrase, mais relevons au passage que l’auteur oublie d’évoquer la possibilité de rétablir la filiation pour les personnes nées sous X, une mesure combattue de longue date par l’Eglise catholique, qui ne voit aucun « faux bien » dans les souffrances des enfants nés de père et/ou de mère inconnus.

Nous disions que le temps des encycliques furieuses était révolu. Et pourtant, il suffit de relire Quanta Cura, signée par le pape Pie IX en 1864, pour trouver un raisonnement en tout point semblable à celui de notre moderne aumônier : « Et parce que là où la religion est bannie de la société civile, et la doctrine et l’autorité de la révélation divine rejetée, la vraie notion, de la justice et du droit humain s’obscurcit et se perd, et la force matérielle prend la place de la justice et du vrai droit, on voit clairement pourquoi certains hommes, ne tenant aucun compte des principes les plus certains de la saine raison, osent publier que la volonté du peuple, manifestée par ce qu’ils appellent l’opinion publique ou de telle autre manière, constitue la loi suprême, indépendante de tout droit divin et humain ; et que dans l’ordre politique les faits accomplis, par cela même qu’ils sont accomplis, ont la valeur du droit. »

Car enfin, si on conteste au pouvoir temporel, c’est-à-dire à l’ordre politique, le soin de dire non le vrai, non le Bien avec une majuscule que l’auteur omet peut-être volontairement, mais plus modestement le bien commun, alors qui d’autre est fondé à le faire ? Peut-être plus l’Église seule, les temps ne s’y prêtant plus, mais une sorte de synode « convictionnel » comme il est désormais à la mode d’en convoquer, où on aura la charité de convier des « philosophes » et « des penseurs ». Si l’esprit de l’époque ne permet plus d’invoquer la loi divine en majesté, c’est par le détour d’un « indignez-vous ! » aux accents on ne peut plus contemporains (quoi de plus mainstream que d’appeler le citoyen à se révolter ?) que l’auteur de cette tribune tente, si l’on ose dire, de remettre l’Eglise au milieu du village, et d’opérer sur le terrain où elle évolue le plus facilement, celui du questionnement moral.

Mais la morale, si morale collective il doit y avoir, étant l’affaire de tous, n’est celle de personne en particulier. Les citoyens, qui sont majeurs au sens plein de ce terme, peuvent écouter toutes les voix qui leur plaisent, et n’ont besoin d’une « aide » que s’ils la sollicitent d’eux-mêmes, dans le for de leur conscience. Dans une société laïque, nous parlons tous à voix égales : il n’y a pas de voix autorisée, ni de voix supérieure.

Le Printemps Républicain interpelle le SNJ : le journalisme indépendant ne peut pas l’être des règles du métier !

Le Printemps Républicain interpelle le SNJ : le journalisme indépendant ne peut pas l’être des règles du métier !

Après Gaspard Glanz, voici Taha Bouhafs : comme lors de l’arrestation du fondateur de Taranis News, la garde à vue de l’employé du site d’information Là-bas si j’y suis, la semaine dernière, a suscité des réactions offusquées de plusieurs sociétés de journalistes, de nombreux journalistes eux-mêmes et également de responsables politiques : c’est la liberté de la presse que la police – et donc le pouvoir – chercherait à museler et surtout l’activité de journalistes indépendants qui à travers une forme de militantisme militeraient surtout pour le droit d’informer. Cette belle histoire qui mêle vigilance et résistance suscite largement notre interrogation.

Ce n’est pas la première fois que le Printemps Républicain souligne certaines dérives propres au journalisme dérégulé, notamment quand l’affaire revient à cacher ses opinions personnelles derrière une prétendue qualité de journaliste alors entravée. Sur cette question comme sur d’autres, une retenue républicaine est de rigueur tant la presse joue un rôle essentiel dans notre démocratie. Et si, comme aiment le répéter tous les défenseurs de la presse, il faut « porter la plume dans la plaie », selon la belle formule d’Albert Londres, alors allons-y !

Revenons tout d’abord sur les faits : le mardi 11 juin 2019, Taha Bouhafs a été placé en garde à vue durant 24 heures alors qu’il couvrait une manifestation de travailleurs sans papiers et son portable a été mis sous scellé. Il sera jugé début 2020, pour « outrage et rébellion sur une personne dépositaire de l'autorité publique ». Pour les mêmes motifs, en avril dernier, le journaliste Gaspard Glanz avait connu deux jours de garde à vue, interpellé après avoir fait un doigt d’honneur aux forces de police alors qu’il couvrait une manifestation de gilets jaunes.

Dans les deux cas, il s’agit de personnes qui mélangent deux activités : ils travaillent pour des médias en ligne et sont en même temps engagées politiquement. En effet, ni l’un, ni l’autre ne cachent leurs opinions tranchées en les exposant crûment sur les réseaux sociaux, parfois par l’insulte, ou en les exprimant lors de rassemblements publics. Dans la pratique, leur métier consiste à se rendre sur les lieux des manifestations ou des mouvements sociaux qu’ils filment avec leur téléphone ou une caméra go pro afin de capter des images brutes, au plus près du terrain. Ce genre de « reportage » s’est multiplié ces dernières années connaissant une grande popularité grâce aux réseaux sociaux. Remy Buisine, l’un des importateurs de cette pratique en France lors du mouvement Nuit debout, a même été engagé par le magazine vidéo Brut qui multiplie la couverture de happenings politiques et sociaux.

Si le Printemps Républicain n’a pas vocation à s’exprimer sur les raisons des arrestations, c’est la réaction à ces arrestations qui soulève nos interrogations et que nous voulons discuter.

En effet, suite à l’arrestation de Taha Bouhafs, une vingtaine de sociétés de journalistes et de rédacteurs ont dénoncé, dans un communiqué publié par Libération vendredi 14 juin, l'arrestation du « journaliste militant » comme « une nouvelle atteinte à la liberté de la presse, mais aussi au secret des sources, pierre angulaire de notre profession ». Première organisation de la profession, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a également apporté son soutien au reporter comme l’ont également fait de nombreux journalistes et politiques.

Ainsi, après avoir accepté que l’on distribue gratuitement des journaux à la sortie des métros, après avoir accepté que l’on diffuse gratuitement leurs articles sur le web, après avoir accepté de cohabiter avec des blogueurs dans des conférences de presse, après avoir accepté de se faire insulter et maltraiter par ceux qui leur déniaient de faire un vrai métier, ce qu’il reste des journalistes acceptent désormais assez curieusement que n’importe quel militant s’affuble de leur identité professionnelle. Pire, ils volent à leur secours croyant ainsi sauver ce qu’il reste de leur métier. Le SNJ devrait pourtant se référer à sa propre Charte d’éthique professionnelle. Fondatrice de la profession, c’est elle qui permet de qualifier ou non un travail de journalistique. Or que dit-elle ? Celle-ci parle d'information de qualité, de mise en contexte, de recul et d'impartialité. Rien de ce que font messieurs Glanz et Bouhafs.

Quand Taha Bouhafs, pas encore « journaliste », invente la fake news de l’université Tolbiac, laissant croire que les CRS ont tué un étudiant, respecte-t-il la Charte du SNJ ? Non.

Quand messieurs Glanz et Bouhafs insultent des forces de police, respectent-ils la Charte ? A l’évidence non.

Quand Taha Bouhafs, alors employé de Là-bas si j’y suis, donc « journaliste », prend la parole à un meeting à la bourse du travail de Paris en soutien aux gilets jaunes et dit que la police est responsable du meurtre de deux jeunes à Grenoble, respecte-t-il la présomption d’innocence prévue par cette même Charte ? Encore une fois non.

Quand messieurs Glanz et Bouhafs insultent des confrères sur les réseaux sociaux car ceux-ci sont en désaccord avec eux, défendent-ils la liberté d’expression et le droit à la critique prévue par la charte ? Toujours pas.

Taha Bouhafs, militant du Comité Adama et ancien candidat de la France insoumise respecte-t-il le devoir d’impartialité prévu par la Charte ? Non.

Quand Gaspard Glanz, fiché S, écrit un texte plus que complaisant sur le black block, est-il en mesure de respecter le devoir de neutralité prévu par la Charte quand il couvre une manifestation gilets jaunes ou d’ultra gauche ? Il nous semble que non.

Comme on le voit, ce journalisme dit « indépendant » l’est surtout vis à vis des règles du métier. Il prend ses aises avec les contraintes que tous les autres professionnels respectent dans leur grande majorité. Ce faisant, ceux-ci sont qualifiés de mainstream (qui signifie vendus au pouvoir, aux élites ou au capital) ou, mieux encore, de militants eux aussi. C’est ce que dit Taha Bouhafs lorsqu’il est interrogé sur sa pratique du métier : « Je ne suis pas plus militant qu'un journaliste du Point ou de BFM-TV » a-t-il déclaré au magazine Reporterre. Quel sophisme !

Ainsi, le militant s’autorise du journalisme pour en revendiquer les droits comme le fameux secret des sources (dont serait investi le téléphone portable qui lui a été confisqué), mais il s’affranchit des contraintes qui garantissent réellement l’indépendance. Pire, il étouffe le professionnalisme sous un relativisme politique : tous militants ! A partir de là, le journalisme n’est plus qu’une posture que le militant dénonce en la faisant sienne.

S’il n’y a que des militants, il n’y a plus de faits et l’information devient un combat pour le monopole du récit légitime dans lequel la police et la justice jouent le rôle d’auxiliaires des uns ou d’adversaires des autres. Rien n’est donc plus dangereux que de laisser prospérer de tels délires idéologiques. La presse n’est sans doute pas parfaite – ce qui suscite précisément l’apparition de ce genre de personnages – mais à ses défauts, les républicains sincères ne peuvent inlassablement qu’opposer les règles déontologiques du métier.

Dans ces conditions, comment tous ces journalistes, sociétés de rédacteurs et syndicats de journalistes, notamment le SNJ garante de cette Charte, peuvent-ils à ce point se fourvoyer dans une telle affaire ? Telle est la question que tout républicain devrait se poser. Telle est l’interpellation que nous lançons à l’ensemble de la profession.